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Appelé à la vie consacrée ?

Ce texte est extrait de l’atelier sur "La vocation à la vie consacrée sous le regard de Jean-Paul II" donné lors de Luminations 2007 à Toulon.

Les citations de Jean-Paul II sont extraites du livre [La vocation expliquée par le pape Jean-Paul II, Jean-Paul Savignac, Collection du Laurier, repris pour le Forum de l’amour du 29 janvier 2005 à Paris organisé par Génération JPII.



Qu’est-ce que la vocation à la vie consacrée ?

 

25 septembre 2008 2008

Par le baptême, nous sommes tous appelés à la sainteté : c’est notre vocation à tous.
Dans l’Eglise latine, elle va pouvoir prendre forme selon deux projets de vie ou vocations possibles : soit le mariage, soit la vie consacrée.

Dans la plupart des cas, nous le savons, la vocation se réalise et s’accomplit dans le mariage. L’amour des conjoints offre une analogie particulière au don total que Dieu a fait de lui-même à sa créature. Dans leur vie chrétienne, le chemin de sainteté des époux s’exprime aussi dans la conscience de leur dignité et de leurs responsabilités en qualité de parents : ils sont collaborateurs de Dieu dans le mystère de la création. Dans le mariage, la vie familiale devient le chemin propre de sainteté. Ce n’est pas à l’extérieur de la famille, ce n’est pas en faisant quelque chose en plus, mais c’est en vivant pleinement leur vie familiale et conjugale que les époux parcourent leur chemin de sainteté.

De même, la vocation particulière à la virginité consacrée exige un cheminement spécifique de sainteté. Cet appel consiste à témoigner d’une appartenance totale au Christ. Il faut comprendre clairement que c’est dans cet appel particulier au célibat consacré, que certains sont choisis par Dieu pour être prêtre. Dans l’Eglise latine, la vocation au sacerdoce est donc bien une vocation qui fait partie de la vocation au célibat consacré.

Suis-moi : Jésus le dit maintenant à chacun de vous. Suis-moi dans tout ce qui fait ta vie, heureuse ou difficile. Suis-moi par la foi, par l’espérance, par l’amour. Suis-moi en fondant une famille : c’est la vocation du plus grand nombre. Suis-moi dans le service de tes frères, dans la solidarité avec ton peuple, c’est aussi la vocation de tous.
Suis-moi en consacrant ta vie comme prêtre, comme religieux ou religieuse, c’est la vocation de quelques-uns pour que la présence du Christ soit signifiée dans son Église.
Jean-Paul II [1]



[1Antananarive (Madagascar), 29 avril 1989

 


La peur de la vocation à la vie consacrée

 

21 octobre 2008 2008

Il arrive fréquemment que l’idée d’une vie consacrée au Seigneur suscite une certaine peur. Il y a trop souvent assimilation de ces deux choses différentes : amitié avec le Christ (auquel tout le monde est appelé) et don total de sa vie au Christ.

Même si le Christ nous appelle tous à faire une rencontre personnelle avec lui et ainsi vivre une amitié avec lui, il n’appelle que quelques personnes à vivre de manière exclusive pour lui !

Mettez-vous à l’écoute du Seigneur, le grand ami. Il vous regarde dans les yeux et vous parle cœur à cœur dans l’intimité de la prière personnelle... Soyez certains qu’il vous illuminera et vous aidera à découvrir et aimer le sens et la valeur de la vocation. Qui sait si aujourd’hui, au cours de cette rencontre en son nom, il ne veut pas vous dire un de ses secrets ? S’il en était ainsi, n’endurcissez pas votre cœur (cf. He 3, 8). C’est seulement dans la disponibilité à la voix de Dieu que vous pourrez trouver la joie de devenir totalement vous-mêmes.
Jean-Paul II [1]

Regardons de plus près cette peur à la vie consacrée :
saint Paul a été retourné par Dieu en un instant sur le chemin de Damas (Actes 9). La tradition parle même d’une chute de cheval. Nous pouvons penser aussi à Simon que Jésus fixa du regard en lui disant : « Tu es Simon, fils de Jean, désormais tu t’appelleras Pierre » (Jean 1, 42).

De même, nous pensons parfois que la manifestation habituelle de l’amour est le coup de foudre !
Ainsi, nous nous imaginons que Dieu intervient toujours de manière radicale, violente et soudaine dans la vie des gens pour leur donner une orientation à laquelle ils ne songeaient pas du tout. Il y aurait donc danger à trop s’approcher d’un Dieu qui, un jour ou l’autre, pourrait bien nous demander de tout quitter pour le suivre.
Ceux qui pensent comme cela font fausse route !

Et c’est vrai que nous sommes tous en danger, en terrible danger :-) Nous sommes en danger d’être aimés et d’être aimés par l’Amour même, par le Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, qui est une vie éternelle d’échange et de communion dans l’Amour. Rien n’est plus fascinant que d’être aimé. Rien ne rend plus heureux que d’être aimé et d’aimer. Mais parfois cela fait peur, car l’amour veut tout et appelle à se perdre, à perdre une liberté, lâcher ce qui est connu pour l’inconnu, quitter une sécurité pour dépendre d’un autre.

Ne pas avoir peur. Voilà l’élément constitutif de la vocation : parce qu’en effet, l’homme a peur. L’homme n’a pas seulement peur d’être appelé au sacerdoce, il craint aussi d’être appelé à la vie, à ses tâches, à une profession, au mariage. Il a peur. Cette peur révèle aussi un sens de ses responsabilités, mais non pas une responsabilité mûrie. Il faut vaincre la peur pour parvenir à une responsabilité mûre. Il faut accueillir l’appel, écouter, recevoir, mesurer avec ses propres forces et il faut répondre : Oui ! oui ! Rassure-toi ! N’aie aucune crainte parce que tu as trouvé la grâce, ne crains pas la vie, ne crains pas la maternité, ne crains pas ton mariage, ne crains pas ton sacerdoce, car tu as trouvé la grâce. Cette certitude, cette conscience nous aident comme elles ont aidé Marie.
Jean-Paul II [2]



[1Pono-Aogre (Brésil), 5 juillet 1980

[2Rome (Italie), 25 mars 1982

 


La vocation : une rencontre d’amour

 

17 novembre 2008 2008

Ce qu’on appelle la « vocation » est donc une rencontre d’amour. Oui, il y a bien un appel de Dieu qui descend vers moi. Mais c’est aussi un désir qui vient de notre coeur. Et la vocation ne s’épanouit que dans la rencontre de ces deux mouvements.

L’appel de Dieu peut prendre mille formes. La plus rare est celle que certains imaginent spontanément et dont nous venons de parler : une manifestation directe de Dieu par une vision ou par une voix qui délivrerait un message clair, net et précis. Non, Dieu ne parle pas par mail, fax ou SMS.
Dieu préfère se glisser dans le quotidien de notre existence. Une rencontre, une lecture, une parole entendue pendant un cours ou une homélie, un témoignage ou une émission de télévision, un film prennent soudain un poids particulier.

Souvent, cet événement, qui est perçu comme un appel, résonne chez la personne car l’appel avait été préparé. 50% des novices religieux français disaient en 2004 qu’ils avaient déjà entendu un 1er appel dans leur enfance. Il peut y avoir, parfois très tôt, une inclination, un désir de donner toute sa vie à Dieu, de faire comme telle personne dont l’exemple a pu fasciner. Contrairement à ce que pensent une majorité de parents, les enfants sont capables d’une rencontre très profonde de Dieu et il en est plus d’un pour qui la première communion ou la confirmation ont été de véritables expériences mystiques.

Celui qui est appelé peut dire comme le prophète Isaïe : « Yahvé m’a appelé dès le sein maternel, dès les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom. » (Isaïe 49, 1).

Celui ou celle qui découvre que Dieu l’appelle éprouve surtout un émerveillement, une gratitude, une profonde joie. Il sent de manière inexplicable qu’il est « fait pour cela » depuis toujours. Cela ne veut pas dire qu’il n’aime pas les multiples autres aspects de la vie, qu’il n’a jamais rêvé de faire mille autres choses passionnantes. Mais pour lui, quand il est vrai avec lui-même, il doit reconnaître que c’est ce qui correspond le mieux en profondeur à ce qu’il est, à ce qu’elle est.

La dimension la plus profonde de la vocation est la création, entre le Christ et un homme ou une femme, d’une communion de vie. Le Christ est la raison de vivre de la personne appelée. Elle cherche avant tout à vivre avec lui, à vivre pour lui.

«  Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur ». (1 Corinthiens 7, 32).
Saint Marc nous dit que Jésus « en appela Douze pour être avec lui » (Marc 3, 14). C’est le sens de tous les « Suis-moi » que Jésus fait entendre. Pour lui, on peut tout quitter sans crainte car, avec lui, rien ne manque, tout est donné en abondance et même en surabondance. « Celui qui aura quitté maisons, frères, soeurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon Nom, recevra le centuple et aura en partage la vie éternelle. » (Matthieu 19, 29). Et l’Evangile de saint Luc nous dit : « " Voici que nous, laissant nos biens, nous t’avons suivi !" Il leur dit : "En vérité, je vous le dis : nul n’aura laissé maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qui ne reçoive bien davantage en ce temps-ci, et dans le monde à venir la vie éternelle." » (Luc 18, 28-30).

Mais surtout, Jésus lui-même est une richesse qui comble infiniment. Jésus, avec l’amour infini de son coeur, est le trésor de la vie du prêtre ou du consacré. En ce sens, la vraie grâce de la vocation est celle d’une relation intime, unique, avec le Christ. C’est un secret d’amour entre lui et moi.

Saint Augustin disait au Ve siècle :

« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne qu’il repose en toi » (Confessions, livre I).

L’appel de Dieu est une déclaration d’amour. Votre réponse est don, amitié, amour manifesté dans l’offrande de sa propre vie et comme participation permanente à sa mission et à sa consécration. Etre fidèle au Christ veut dire l’aimer de toute son âme et de tout son cœur, de sorte que cet amour soit la norme et le moteur de toutes nos actions.
Jean-Paul II [1]



[1Valence (Espagne), 8 novembre 1982

 


La vocation est un appel personnel !

 

17 novembre 2008 2008

De nos jours, la société nous pousse de plus en plus à faire comme tout le monde !
Pourtant, nous sommes uniques et Dieu nous aime personnellement ! C’est pourquoi notre vocation est absolument personnelle ! Ainsi, c’est de manière individuelle que nous devons rechercher dans la prière ce que Dieu veut nous dire. Ce n’est pas en regardant le voisin que nous pourrons entendre l’appel personnel de Dieu pour nous. C’est dans notre cœur qu’il faut écouter et chacun doit dire : « Que veux-tu que je fasse, Seigneur ? »

Nous savons que Jésus est l’Emmanuel, Dieu avec nous. L’incarnation est le signe de la communion et de l’amitié personnelle.

Quand le Christ appelle, la mission est secondaire à l’appel, car « être avec Jésus » émerge comme l’élément principal qui donne sens à la mission. Saint Marc nous dit : « Puis Jésus gravit la montagne et appela à lui ceux qu’il voulait. Ils vinrent à lui et il en institua douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher, avec pouvoir de chasser les démons. » (Marc 3, 13-15). Il appelle chacun par son nom. Lors du premier appel, certains apôtres entendent « Suivez-moi » et quelques instants plus tard « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». D’autres entendent simplement l’appel à le suivre sans indication de leur mission future. C’est le cas de Matthieu, le collecteur d’impôts. Saint Paul fait la même expérience. Le Christ va au devant de lui sur la route de Damas. Ce fut une rencontre personnelle et exclusive. Ceux qui étaient avec lui n’entendirent que la voix mais ne virent rien : ils se tenaient là, silencieux pendant l’événement et ils n’ont pas changé leur vie comme le fit Paul. Paul poursuivit son expérience du Christ dans la prière. Il nous dit, dans sa lettre aux Galates, qu’il se rendit en Arabie pour quelques années, ce qui correspond à un temps de solitude, de prière, de rencontre et de pénitence. Aucune information ne lui fut donnée sur sa mission sur le chemin de Damas. Il devait d’abord apprendre à connaître Jésus-Christ intimement dans la prière. C’était la chose la plus importante.

Il y a une manière merveilleuse de réaliser l’amour dans la vie : il s’agit de la vocation à suivre le Christ dans le célibat librement choisi ou dans la virginité pour l’amour du Royaume des cieux. Chacun et chacune peut se demander sérieusement si Dieu ne l’appelle pas à l’un de ces chemins. Et à tous ceux qui pensent avoir cette vocation : priez avec ténacité pour avoir la clarté nécessaire, mais ensuite, décidez un oui joyeux.
Jean-Paul II [1]



[1Cordoba (Argentine), 8 septembre 1985

 


Si l’appel est personnel, la mission l’est aussi !

 

17 novembre 2008 2008

A Pierre, Jésus dit des paroles qui nous montrent où doivent aller nos préoccupations : il ne s’agit pas de tout comprendre, de savoir tout ce qu’il demande aux autres, mais de vivre notre propre mission. « Voyant donc le disciple que Jésus aimait, Pierre dit à Jésus : « Seigneur, et lui ? » Jésus lui dit : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi. » (Jean 21, 21-22).

Notre première mission est de faire une rencontre personnelle avec Jésus Christ et de nourrir l’amitié qui en découle. En approfondissant notre amour pour lui, nous découvrons les choses concrètes qu’il veut que nous fassions. En apprenant à l’aimer, nous apprenons à découvrir étape par étape ce qu’il nous propose. Finalement, plus on aime Jésus, plus on pense comme lui, et plus on souhaite faire ce qu’Il veut.

Quand Jésus attire quelqu’un à vivre dans son intimité, il n’y a qu’une manière de vivre avec Jésus, c’est de vivre comme Jésus. Cette personne découvre que Jésus est bel et bien vivant dans sa vie, aujourd’hui. Elle est appelée par Dieu mais, pas parce qu’elle est meilleure que les autres. Dieu a certainement ses raisons que nous ne connaissons pas. L’élection est un mystère qui appartient à Dieu.

Il existe de multiples formes de missions : le service des plus pauvres, le soin des malades et des personnes âgées, l’éducation des enfants et des jeunes, la recherche intellectuelle, l’annonce de l’Evangile à ceux qui ne connaissent pas le Christ, la prière de louange ou d’intercession, le service de la vie de l’Église, l’animation des communautés chrétiennes par la parole et les sacrements, etc. Quelle que soit sa forme, la mission est au service de l’homme afin de le conduire à Dieu. La vocation à suivre Jésus s’épanouit normalement dans une passion pour l’homme, dans une soif d’aider tout homme mis sur ma route à rencontrer le Christ en vérité, à l’approcher de Dieu et de son Amour.

La vocation répond toujours à un désir profond de se donner. « L’homme ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » (Concile Vatican II : Gaudium et Spes, n. 24, Jean-Paul II). Ainsi, alors que la vocation correspond universellement à un appel profond à se donner, cet appel va se concrétiser au travers d’une mission bien particulière correspondant à la personne appelée.

Vous êtes jeunes et vous désirez vivre. Mais vous devez vivre avec plénitude et avec un but. Vous devez vivre pour Dieu, pour les autres. Personne ne peut vivre sa vie pour lui-même. L’avenir est à vous [...], mais l’avenir est surtout un appel et un défi pour trouver votre vie en la donnant, en la perdant, en la partageant grâce au don amoureux aux autres. Le Christ a dit : « Celui qui aime sa vie la perd : et celui qui hait sa vie en ce monde, la conservera pour la vie éternelle » (Jean 12, 25). La mesure du succès de votre vie dépendra de votre générosité.
Jean-Paul II [1]



[1Taegu (Corée du Sud), 5 mai 1984

 


Le lieu de la rencontre entre l’homme et Dieu, c’est l’Église

 

17 novembre 2008 2008

Le lieu de la rencontre entre l’homme et Dieu, c’est l’Église. Pour celui qui répond à l’appel de se mettre à la suite du Christ, l’Église est une réalité magnifique. C’est dans ce corps du Christ, que le consacré trouvera sa place et qu’il sera fécond.

Prenons l’exemple du prêtre : le prêtre est un homme appelé : c’est-à-dire choisi par le Christ lui-même, tête de l’Eglise pour le service de l’Eglise. Cet appel (ou vocation) est double. D’une part, cet appel est une aspiration personnelle à servir le Christ et les hommes. D’autre part, cet appel est celui de l’Eglise qui, par la voix d’un ami, parent, prêtre et ultimement par l’évêque, authentifie l’aspiration intérieure. On est définitivement sûr d’avoir la vocation le jour de l’ordination sacerdotale. En fait, le prêtre reçoit sa vocation et il choisit simplement d’y répondre. C’est finalement l’évêque donc l’Eglise, qui appelle le candidat au sacerdoce !

Chacun doit discerner l’appel qui s’adresse à lui, avec l’aide des aînés et des frères. Pour les futurs prêtres surtout, c’est finalement l’Église qui a la charge de confirmer authentiquement l’appel et de confier une mission.

Jean-Paul II [1]



[1Antananarive (Madagascar), 29 avril 1989

 


Le discernement : un chemin de liberté qui donne la paix

 

17 novembre 2008 2008

Nous connaissons tous l’histoire du jeune homme riche. « Jésus fixa sur lui son regard et il l’aima. Il lui dit alors : ’Une seule chose te manque, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux, puis viens, suis-moi’. Mais lui, à ces mots, s’assombrit et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. » (Marc 10, 17-22).

Répondre à un appel est toujours une affaire de liberté. Jésus laisse chacun libre – profondément. Il offre son amour, mais il ne contraint personne à lui répondre « Oui ». Mieux encore : il montre le chemin de la liberté. C’est en nous libérant de ce qui nous rend esclave et qui nous attache que nous pouvons grandir en liberté afin de répondre un oui pleinement libre à son appel, à commencer par le péché : « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché en esclave » Jean 8, 34.

Le but du discernement est double. Il s’agit :
- d’une part, de vérifier l’authenticité de l’appel,
- d’autre part, de faire mûrir une réponse libre.

Il faut du temps entre les premiers instants de l’appel, jusqu’au moment de franchir le pas d’un séminaire ou d’un noviciat : souvent plusieurs années.
Ex : En 2003, les novices de France avaient mûri leur vocation en moyenne pendant 6 ans Source : statistiques de la Conférence des évêques de France.

Jésus dit : Viens et suis-moi. Chers jeunes, le Maître et Seigneur appelle tout le monde. Lui répondre c’est décider de son destin, c’est donner un sens à son existence. Toute réponse comporte une décision personnelle prise dans une pleine et libre autonomie : c’est sa liberté.
Jean-Paul II [1]

Vivre dans la paix du cœur

Voici le premier critère d’un bon discernement, c’est lorsqu’on parvient, là ou l’on est, à vivre avec la paix du coeur en étant fidèle à ses engagements de chrétien. Une trop grande angoisse, une peur, ou le sentiment d’un devoir à accomplir sont souvent le signe que l’on a un grand désir de bien faire, mais que l’on n’est pas appelé.

Un autre critère négatif est l’impossibilité de vivre la prière quoitidienne et de s’ancrer dans les pratiques fondamentales de la vie chrétienne, aussi bien morales que sacramentelles ou spirituelles.
Il s’agit bien, pendant le discernement, de vivre au quotidien dans la fidélité. C’est toujours aujourd’hui, maintenant que je réponds à ma vocation. Si je veux être prêtre, moine ou missionnaire demain, c’est aujourd’hui que je dis oui au Christ.

La vocation, ce n’est pas une histoire téléguidée ou préprogrammée. C’est un chemin sur lequel j’avance pas après pas, et où chaque pas est un oui donné en toute liberté. C’est une histoire qui se vit, de manière très simple, très ordinaire, au rythme quotidien des choix que je pose. Ainsi, dans les circonstances même de ma vie, Dieu propose des rencontres, laisse des signes, des paroles d’invitation sur ma route. Mais il me laisse toujours libre et c’est bien moi qui pose chaque oui. Chaque étape me mène à plus de clarté. Cette clarté est le signe manifeste que la vérité se fait en moi et elle s’accompagne toujours de joie et de paix.

A ceux qui sont entrés sur le sentier de la vie en accomplissant les commandements [...], le Seigneur leur propose de nouveaux horizons ; le Seigneur leur propose des objectifs plus élevés et les appelle à se donner sans réserve.
Découvrir cet appel, cette vocation, c’est se rendre compte que le Christ a les yeux fixés sur toi et qu’il t’invite par son regard au don total dans l’amour. Devant ce regard, devant cet amour, le cœur ouvre les portes toutes grandes et il est capable de lui dire oui.
Si quelques uns parmi vous ressentent cet appel à le suivre de plus près, à lui donner le cœur entier, qu’il soit généreux, qu’il n’ait pas peur, car il n’y a rien à craindre lorsque la récompense qu’on attend c’est Dieu lui-même.
Jean-Paul II [2]



[1Sicile ( Italie ), 9 avril 1993

[2Asuncion (Paraguay), 18 avril 1989

 


Discerner, c’est aussi renoncer ! en faisant preuve de maturité

 

17 novembre 2008 2008

Effectivement, par exemple, c’est en toute liberté que je me mets à genoux pour prier ; c’est bien moi qui décide d’aller me confesser, c’est bien moi qui accepte tel engagement chrétien, c’est bien toujours moi qui refuse une invitation au ski pour aller faire une retraite, ou refuse un dîner pour aller à une veillée de prière.

Sans parler des expériences qu’il est préférable de ne jamais faire, certains choix, même de choses très bonnes en soi, sont incompatibles avec la vocation ou la mettent sérieusement en péril. Contrairement à ce que la société cherche à faire croire, il n’est pas possible de faire tout et n’importe quoi. Dieu me laisse libre, mais, avec amour, il compte sur moi, il compte sur ma responsabilité, Il me fait confiance. À moi de ne pas exposer ma vocation à des alternatives qui la mettent en danger.

Encore une fois, sans aborder les expériences qui relèvent du péché, nombreux sont les choix qui peuvent exterminer une vocation à la vie consacrée : par exemple : repartir pour un nouveau cycle d’études (il y a l’heure de Dieu dans notre vie), prendre des engagements professionnels lourds, s’éloigner d’un milieu qui soutient ma vie chrétienne… Ces choix sont graves et ils peuvent cacher peut-être une peur de se donner à Dieu ou un refus que je ne veux pas m’avouer.

Ainsi, discerner, c’est en même temps être capable de dire oui librement à tout ce qui favorisera le développement de ma vocation, et simultanément dire non à ce qui pourrait y nuire.

La vocation est un don, mais elle est aussi une réponse à ce don ; et la manière dont chacun de nous, dont I’appelé, l’élu, sait répondre à cet appel divin, dépend de nombreuses circonstances ; elle dépend d’une certaine maturité intérieure de la personne ; elle dépend de ce qu’on appelle la collaboration à la grâce. Elle nécessite de savoir collaborer, savoir écouter, savoir suivre. Nous le savons bien, et nous nous rappelons que Jésus dit à ce jeune de l’Évangile : « Suis-moi ». Savoir suivre et, lorsque l’on suit, cela signifie que la vocation est mûre, que la vocation se réalise et s’accomplit.
Jean-Paul II [1]



[1Rome (Italie), 29 septembre 1994

 


Dix moyens pour discerner l’appel de Dieu sur ma vie

 

17 novembre 2008 2008

En préambule, il est bon de rappeler que Dieu appelle mais laisse chacun libre. Ceux qui répondent positivement à un appel à se consacrer à Dieu constatent qu’un séminariste ou un (une) novice est une personne profondément libre !

Attention, ma volonté à accepter l’appel va justement déterminer ma capacité à découvrir cet appel !

Pour pouvoir être à l’écoute de l’appel du Seigneur, il faut réellement désirer le découvrir. Si tel est le cas, voici 10 conseils.

1. Vie sacramentelle très régulière et fidèle dans le temps

Eucharistie si possible tous les jours et confession mensuelle. Jésus eucharistie, qui est la vie de Dieu en nous, est la source de grâces abondantes. La confession, en plus de la force qu’elle donne pour lutter contre son péché, permet notamment de se reconnaître pauvre devant Dieu et ainsi dépendant totalement de lui. Les sacrements, en étant un lieu fort de rencontre personnelle, permettent notamment de traverser les épreuves et les combats qui sont souvent au rendez vous pendant le discernement.
Ouvrez, pleins de confiance, vos aspirations les plus intimes à l’amour de Jésus qui vous attend dans I’Eucharistie. Vous y trouverez la réponse à toutes vos inquiétudes et vous verrez avec joie que la cohérence de vie qu’il vous demande est la clé de la réalisation des plus nobles désirs de votre jeune âme.
_ Jean-Paul II [1]

2. Oraison et prière personnelle quotidiennes

Prendre des temps d’adoration régulièrement : c’est le lieu du dialogue avec le Seigneur ! Après avoir fait une rencontre intime et personnelle de Jésus Christ et de son amour infini, il faut prendre l’engagement de le retrouver régulièrement dans la prière. Il est l’ami véritable qui chemine avec nous : il nous appelle pour être avant tout avec lui. Il peut être bon de faire un petit oratoire dans sa chambre. Dans la phase de discernement, un des fruits de la prière sera aussi la capacité de se rendre disponible à l’appel.
N’oublions pas que le consacré est celui qui vit en permanence en contemplant la face du Seigneur : Jésus devient l’époux de son âme.
Tâchez de connaître vraiment Jésus ! Efforcez vous de nouer des liens d’amitié avec lui ! C’est uniquement la connaissance de Jésus qui peut vous donner la véritable joie, et non la joie égoïste, superficielle. C’est la connaissance de Jésus qui brise la solitude, surmonte les tristesses et les incertitudes, donne à la vie sa vraie signification, freine les passions, sublime les idéaux, répand les énergies dans la charité, éclaire les options définitives. [...]

_ Cherchez Jésus dans la prière, dans le dialogue sincère et assidu avec lui. Faites-le participer aux questions suscitées par vos problèmes et vos propres projets.

Méditez dans le recueillement et dans la prière le choix que vous allez faire [...] ; si la voix du Seigneur retentit au plus intime de votre cœur, écoutez-le.

Jean-Paul II [2]

3. Accompagnement spirituel indispensable et fréquent

L’accompagnement suppose une confiance réciproque, de faire une demande claire de direction spirituelle qu’il accepte, une démarche de prière, une liberté de l’un vis-à-vis de l’autre dans les propos et dans la relation d’accompagnement... Cet accompagnement aidera à découvrir l’action du Seigneur dans votre vie depuis notre enfance. Aidé par l’Esprit Saint et son expérience d’accompagnateur, il prendra aussi facilement du recul par rapport aux évènements, et pourra vous aiguiller dans vos choix.

La direction spirituelle, qui peut avoir lieu en dehors du sacrement de pénitence et même être réalisée par quelqu’un qui ne possède pas les ordres sacrés, [...] aide à surmonter le danger de I’arbitraire au moment de connaître et de décider de sa propre vocation à la lumière de Dieu.
_ Cherchez un directeur spirituel qui vous assiste dans cet apprentissage. Entretenez vous régulièrement avec lui. Comme le jeune pousse réclame des soins attentifs de la part de l’agriculteur, I’amour qui naît dans l’âme trouvera son plein développement grâce à un directeur spirituel expérimenté, d’une grande droiture méthodologique et animé d’un zèle ardent.

Jean-Paul II [3]

4. Lire la Parole de Dieu

Lecture : surtout la parole de Dieu, et pourquoi pas la vie de saints qui peut réveiller de grands désirs en nous et embraser notre coeur ... Le Seigneur parle souvent au détour d’un verset biblique : la parole prend tout à coup vie pour soi. De plus, Jésus se révèle, se fait connaître et aimer dans les évangiles. Sa lecture nourrit notre amour pour lui : la rencontre est réelle dans la Parole de Dieu.

5. Se former

Cette étape n’est pas indispensable dans un premier temps. Mais rencontrer le Christ comme un ami donne souvent soif d’une formation intellectuelle. Connaître le Christ permet de mieux l’aimer. En l’aimant plus, nous pouvons mieux l’imiter et donc le transmettre !

6. Donner de son temps

Engagement ecclésial. L’amour de l’Eglise doit passer par le service gratuit de ses frères, par le don de soi (scoutisme, caritatif, liturgie, organisation de groupes de prière, de pèlerinages, des JMJ, engagement dans sa paroisse ....)
Appelés, consacrés, envoyés. Cette triple dimension explique et détermine votre conduite et le style de votre vie. Vous êtes mis à part, mais vous n’êtes pas séparés. Vous pouvez ainsi vous consacrer totalement à l’œuvre qui va vous être confiée : le service de vos frères.

Jean-Paul II [4]

7. Avoir une vie cohérente

Maîtrise de sa vie. Maturité humaine et spirituelle. Avoir sa vie en mains et être libre vis-à-vis de son emploi, sa famille, ses amis... et de l’opinion du monde !

Nous vivons malheureusement à une époque où le péché est devenu une industrie qui produit de l’argent, fait bouger l’économie, apporte du bien-être. Cette situation est vraiment impressionnante et terrible. On ne peut pas avoir peur ni se laisser impressionner ! Toutes les époques demandent au chrétien d’être cohérent !

Jean-Paul II [5]

8. Prendre le temps de faire retraite

Opter pour des temps longs (1 week-end n’est pas suffisant, une semaine c’est mieux !). Les exercices spirituels de saint Ignace sont fortement conseillés. Rechercher le silence, partir au "désert" pour écouter ce que Dieu met dans le coeur. Il est indispensable de savoir prendre du recul et de la hauteur dans le rythme fou de la vie urbaine.

9. Rejoindre d’autres chercheurs de Dieu

Aides supplémentaires : être suivi par le service des vocations du diocèse, participer à des soirées de prière pour les vocations, faire des pèlerinages ou marches pour les vocations, suivre le triduum pascal ou passer quelques jours dans un séminaire ou dans une communauté... Le Seigneur donne souvent une grande paix là ou il nous appelle.

10. Demander l’aide de Marie, la mère de Dieu

Pour finir, il n’est pas superflu d’avoir une grande dévotion à la Vierge Marie, elle qui a permis à son fils de réaliser pleinement sa vocation : elle nous aide en bonne mère à réaliser la nôtre. Elle nous montre le parfait exemple à suivre pour accomplir la volonté de Dieu en toute chose.

« Faites ce qu’il vous dira ». Dans ces paroles, Marie exprime surtout le secret le plus profond de sa vie. Sa vie a été un OUI profond au Seigneur. Un OUI plein de joie et de confiance. [6]
Il faut que vous accueilliez Marie dans vos jeunes vies, comme l’apôtre Jean l’a accueillie chez lui. « Permettez-lui d’être votre Mère ». Ouvrez lui vos cœurs et vos consciences. Quelle vous aide à trouver le Christ pour le suivre sur le chemin de votre vie. [7]
« Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta volonté » (Luc 1, 38). Ce fut le moment de la vocation de Marie.
Jean-Paul II



[1Asuncion (Paraguay), 18 mai 1988

[2Aquila (Italie), 30 août 1980

[3Rome (Italie), 11 avril 1984

[4Valence (Espagne), 8 novembre 1982

[5Aquila (Italie), 30 août 1987

[6Rome (Italie), 13 décembre 1987

[7Rome (Italie), 23 mars 1986

 


Quelques pièges classiques du discernement

 

17 novembre 2008 2008

- Avoir peur de ne pas être digne ou capable ! Rassurez-vous, nous sommes tous des pauvres pécheurs… Le Seigneur nous connaît bien et il nous donnera tout ce dont nous avons besoin pour la mission qu’il voudra nous confier. C’est justement dans nos faiblesses et nos pauvretés que le Christ viendra déployer toute sa force pour que nous puissions constater que l’oeuvre n’est pas de nous.

Exemple : saint Paul. « Ma grâce te suffit : car la puissance se dégage dans la faiblesse. C’est donc de grand coeur que je me glorifierai surtout de mes faiblesses, afin que repose sur moi la puissance du Christ. C’est pourquoi je me complais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions et les angoisses endurées pour le Christ ; car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Corinthiens 12, 9-10).

L’appel de l’homme est avant tout en Dieu : dans son esprit et dans son élection que Dieu lui-même réalise et que l’homme doit lire dans son propre cœur. En percevant clairement cette vocation qui vient de Dieu, l’homme se rend compte de sa propre insuffisance. Il cherche à se défendre devant la responsabilité de l’appel [...]. Devant les réserves et les difficultés que l’homme oppose avec raison, Dieu se manifeste par le pouvoir de sa grâce. Et le pouvoir de sa grâce obtient que l’homme réalise l’appel.
Jean-Paul II [1]

- Attendre éternellement un signe ou une confirmation claire du Seigneur ! Non, le Seigneur laisse ses enfants libres… Il faut cesser toute recherche de signes. Il ne fera rien qui pourrait entraver notre liberté ! C’est au fond de notre cœur qu’il faut chercher le projet qu’Il a pour nous et qui nous comblera de joie. La prière quotidienne est donc indispensable !

La réponse dépend de la générosité de cœur de celui qui est appelé, car celui qui appelle laisse toujours la liberté du choix : « Si tu veux... » [...]
Ne vous laissez pas troubler comme le jeune homme de l’Évangile. Il vaut la peine d’échanger beaucoup de biens contre un trésor dans le ciel.
Jean-Paul II [2]

- Discerner uniquement sur un plan intellectuel, en faisant des calculs des risques, des avantages, des préférences… Non, même s’il est nécessaire de rationaliser l’appel, il ne faut pas perdre de vue que l’appel correspond à un élan qui vient de ce qu’il y a de plus profond en nous. De plus, la grâce de Dieu n’est pas quantifiable alors rien ni personne ne peut la planifier. Il faut rentrer dans une perspective de foi et de confiance.

- L’orgueil ! Il faut s’abandonner à Dieu. Au lieu de tout faire tout seul pour Dieu, il suffit de reconnaître sa faiblesse et laisser Dieu faire en soi.



[1Valence (Espagne), 8 novembre 1982

[2Pono-Alogre (Brésil), 5 juillet 1980

 


Discerner, c’est aussi choisir, afin de répondre à l’appel

 

17 novembre 2008 2008

Nous avons vu que discerner, c’est dire savoir dire oui et savoir renoncer. C’est indispensable car, dans un 2ème temps, il faut choisir afin de répondre à l’appel.

Si les étapes du discernement ont permis de confirmer un appel à la vie consacré, il reste à déterminer les modalités de cet appel. Il s’agit de tout mettre en œuvre pour répondre intelligemment à cet appel. Il faut avoir répondu à un certain nombre de questions.

Exemple : si je suis un indépendant ou un grand solitaire, ai-je raison de penser à la vie communautaire ? Si je suis tout le temps en prière et en lectures spirituelles, est-il raisonnable de m’orienter vers le séminaire diocésain ? Si j’ai un fort besoin d’activité physique… Si je n’aime pas la nature…. Si je n’accepte pas de me couper les cheveux…

La grâce, même si on entend qu’elle peut tout, s’appuie sur la nature ! Encore une fois, l’accompagnateur spirituel pourra aider et confirmer que la personne est bien elle même dans le bon choix.

Le responsable des novices de l’abbaye de Kergonan, le père Xavier Perrin, racontait qu’il a vu un jeune, François, arriver un jour après avoir frappé à la porte de 10 monastères sans avoir obtenu d’accord. Après lui avoir refusé l’entrée dans un 1er temps, Kergonan l’a finalement accepté !

La vocation à la vie consacrée, c’est finalement comme pour le mariage ! Il n’est pas nécessaire d’essayer avec toutes les filles de sa promo pour trouver la bonne ! Ça peut marcher dès la première fois… surtout si on réfléchit un peu avant !!! Et on peut être sûr que l’on a cette vocation que le jour ou le noviciat / les fiançailles sont terminées.



 


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